Glucides, sucres et sucre

Les sucres dans l’alimentation : Déchiffrez le vrai du faux dans l’actualité

1/ LES SUCRES DANS L’INDUSTRIE AGROALIMENTAIRE

« 1 barquette de 320g de carottes râpées Bonduelle contient 2,6 cuillères à café de sucre soit 12,8g », Thomas Clouet, auteur et chroniqueur culinaire (voir photo)

Nuancer

Il ne faut pas confondre sucres ajoutés et sucres naturellement présents. Si l’on regarde la teneur en sucres indiquée à la ligne « glucides, dont sucres » du tableau des valeurs nutritionnelles, on a bien 4g de sucres pour 100g soit 12,8g pour 320g. Ces 12,8g de sucres contenus dans la barquette correspondent majoritairement aux sucres naturellement présents dans la carotte. Il y a au total moins de 1% de ces sucres qui correspondent à des sucres ajoutés dans la sauce (Anses, Table de composition nutritionnelle des aliments, CIQUAL 2017).

Enfin, attention à la portion considérée. On a bien 12,8 g de sucres soit environ 3 cuillères à café mais si l’on mange toute la barquette de 320 g ! Pour rappel, une portion de fruit ou de légumes selon le PNNS, c’est 80 g ; la barquette représente à elle seule 4 portions !

Voir notre vidéo pour en savoir plus sur les sucres naturellement présents ou ajoutés

“Si on mange un plat préparé… on est déjà dans le rouge.”, hebdomadaire le 1

Faux

Effectivement il peut y avoir du sucre ajouté dans les produits salés pour relever les saveurs ou donner une légère coloration mais pas delà à dépasser la recommandation de l’OMS.

L’OMS recommande de limiter la consommation de sucres libres (= sucres ajoutés + sucres naturels des jus de fruits) à 10 % de nos calories journalières, soit environ 50g de sucres libres par jour. Cette limite ne porte donc pas sur les sucres totaux, qui incluent aussi les sucres naturellement présents dans les fruits, les légumes, le lait, etc. C’est bien là tout le problème de convertir les sucres totaux en cuillères de sucre : on finit par croire que l’ensemble des sucres présents dans le produit sont des sucres ajoutés. On compare alors ce qui n’est pas comparable.

Reprenons l’exemple d’un hachis Parmentier : le tableau des valeurs énergétiques indique qu’il y a 2,5 % de sucres soit 7,5 g par portion. Même sans enlever les sucres naturellement présents, il faudrait consommer plus de 6 portions de hachis dans une journée pour dépasser le seuil, et environ le double si l’on ne compte que les sucres ajoutés, dont il est question dans la recommandation de l’OMS.

« Près de la moitié de la consommation de sucre ajouté se trouve dans des aliments où l’on ne s’attendrait pas à en trouver : hamburgers, céréales, sauce de salade, pain… (Dr Robert Lustig) », Le Point

Faux

Tout d’abord, il y a LE sucre ajouté mais aussi LES autres sucres ajoutés (lactose, sirop de fructose…) à ne pas confondre avec les sucres naturellement présents ni avec les glucides totaux. Par exemple, le pain traditionnel ou la baguette apportent des glucides (environ 50 %) mais ne contiennent pas de sucres ajoutés dans la recette.

En France, plus de 90 % du sucre est utilisé pour produire des aliments sucrés, et 10% pour les produits salés. Dans la plupart des produits salés (en dehors des exceptions comme le ketchup), les sucres ajoutés représentent 0,5 à 3 % du poids total de l’aliment, comme exhausteur de goût ou pour rectifier l’acidité ou l’amertume.


2/ QUELLE EST LA RÉALITÉ DE LA CONSOMMATION DE SUCRE EN FRANCE AU REGARD DES RECOMMANDATIONS DE SANTÉ PUBLIQUE ?

« En moyenne, chaque Français mange 35 kg de sucre par an. », Complément d’Enquête 01/2018

Faux

En France, la consommation réelle des adultes est de l’ordre de 52 g/jour en moyenne pour les sucres libres(1) (= sucres ajoutés + sucres des jus de fruits, du miel), soit moins de 20 kg/an. Les 35 kg/an sont des ventes et incluent les utilisations non alimentaires des sucres (par exemple le sucre pour l’alcool de pharmacie) et les pertes de produits sucrés non consommés.

Cette consommation de sucres libres représente 9,5% des calories quotidiennes(1). En moyenne, les français respectent la limite fixée par l’OMS. En effet, l’Organisation Mondiale de la Santé recommande des apports en sucres libres inférieurs à 10% de nos calories quotidiennes. Par comparaison, en Allemagne la consommation moyenne de sucres libres correspond à 14% des calories quotidiennes, en Australie à 10,9% et en Espagne à 7,3%.

« On consomme beaucoup trop de sucre ! »

A nuancer

En France, l’Agence Nationale (ANSES) conclut qu’une recommandation uniquement portée sur les sucres ajoutés n’est pas justifiée et place la limite pour les adultes à 100g/jour pour tous les sucres, hors lactose du lait.

Or, en moyenne en France, un adulte consomme 75g/j de sucres (hors lactose), et un enfant (3 – 17 ans) 80g/j.

Si la moyenne est bien en dessous de la limite fixée, cela n’évite pas des apports en excès chez certains consommateurs, cible prioritaire pour un accompagnement nutritionnel. En effet, 5 % des adultes en consomment plus de 138g/j, tandis que 5% en consomment moins de 27 g/j.

NB : il est à noter que la recommandation de l’ANSES a uniquement été fixée pour les sujets adultes.

« Aujourd’hui les Français consomment en moyenne 100 grammes de sucre par jour. Mais les adolescents entre 11 et 17 ans en consomment 242 grammes. », Agnès Buzyn

Faux

Il y a une grosse confusion entre sucre, sucres et glucides ! Le sucre sans « s » correspond uniquement au saccharose extrait de la canne ou de la betterave à sucre : les estimations des consommations des glucides ne se basent pas sur la seule consommation de saccharose mais prennent aussi en compte l’ensemble des sucres naturellement présents dans notre alimentation, les sucres ajoutés ou encore l’amidon.

L’ANSES a publié récemment les apports nutritionnels des Français relevés dans l’enquête INCA 3(2):

  • 104 g/j, c’est l’ensemble des sucres apportés par l’alimentation chez les adultes : sucres naturellement présents (saccharose, fructose et glucose dans les fruits, lactose dans le lait) et sucres ajoutés dans les aliments (par exemple le sucre en poudre). Ce sont les glucides simples.
  • 244 g/j correspond à l’apport en glucides totaux chez les adolescents : les glucides simples (cf. précédemment) et les glucides complexes soit l’amidon des féculents (dans les pâtes, les céréales …).

Contribution des glucides à L’AESA* (chez les adultes)
Credoc, CCAF 2016

graphique Contribution des glucides à L’AESA

*Apport énergétique sans alcool (alcool ~3% de l’apport énergétique total).


GLUCIDES, SUCRES & SUCRE :
POUR NE PLUS SE TROMPER, RAPPEL DES DIFFÉRENCES

tableau différences glucides, sucres et sucre

(1)Lluch A, et al. Individual Diet Modeling Shows How to Balance the Diet of French Adults With or Without Excessive Free Sugar Intakes. Nutrients, février 2017
(2) ANSES, juillet 2017, Etude INCA3, rapport d’expertise collective
(3) NeuroFAST 2014. ”Eating addiction”, rather than “food addiction”, better captures addictive-like eating behavior. Neuroscience & Biobehavioral Reviews
(4) Anses, 2016. Actualisation des repères du PNNS : révision des repères de consommations alimentaires
(5) Anses, 2016. Actualisation des repères du PNNS : établissement de recommandations d’apport de sucres
(6) World Health Organization, 2015. WHO Guideline: Sugars Intake for Adults and Children;World Health Organization: Geneva, Switzerland, 2015