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Comment sont établies les recommandations en France et à l’échelle mondiale ?

Les recommandations d’apports en sucres dans la population peuvent varier en fonction des instances émettrices à la fois sur la valeur seuil mais aussi sur le type de sucres dont il est question. Des éléments qui peuvent compliquer la compréhension des recommandations, d’autant plus quand on souhaite les comparer.

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3 points essentiels pour y voir plus clair dans les recommandations fixées en France et à l’international

 

Comment sont établies les recommandations en France et à l’échelle mondiale ?
Dans la famille des glucides, on distingue les « glucides complexes » (amidon présent dans les féculents et les légumineuses) et les « glucides simples » appelés « sucres » (glucose, fructose, saccharose…).

Ces sucres sont soit naturellement présents (fruits, légumes, jus, lait), soit ajoutés (par les consommateurs ou les professionnels). Les sucres totaux - naturellement présents et ajoutés - sont indiqués dans le tableau des valeurs nutritionnelles, à la ligne « Glucides, dont sucres ».

Les recommandations d’apports dans la population peuvent varier en fonction des instances émettrices.

La recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) porte sur les sucres ajoutés. Elle fixe ses seuils limites d’apports recommandés en considérant les « sucres libres », définis comme les sucres ajoutés lors de la préparation ou la fabrication de l’aliment (y compris les sirops, le miel), ainsi que les sucres naturellement présents dans les jus de fruits.1

La recommandation française définie par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) concerne les sucres totaux (hors lactose et galactose). Le groupe de travail a jugé qu’une recommandation portant uniquement sur les apports en sucres dits « ajoutés » n’est pas pertinente. D’après l’ANSES, les données disponibles « ne permettent pas de distinguer les effets sur la santé des sucres naturellement présents dans les aliments de ceux des sucres ajoutés, indépendamment de l’effet de la matrice ».2

 

 

Comment sont fixés les seuils limites considérés ?
La recommandation de l’OMS sur les sucres libres s’exprime en pourcentage de l’Apport Energétique Total (AET), sans distinction entre les enfants et les adultes, fixé à 10% (ce qui représente environ 50g/j pour un adulte).1

Cette recommandation a vu le jour dans le rapport de 1989 : initialement fondée sur des données concernant la prévention de la carie, cette limite a été étendue à la prévention des maladies chroniques comme l’obésité ou le diabète. Selon les critères de l’OMS, c’est une recommandation forte pouvant être adoptée sous forme de politique dans la plupart des situations.

Concernant la recommandation française, fixée par l’ANSES, le seuil limite a été établi sur la base des premiers effets physiologiques des sucres observés : pour l’ingestion de 50 g/j de fructose chez l’adulte et pour l’effet hypertryglicéridémiant.2

Pour les adultes, la recommandation de l’ANSES est donc fixée à 100 g/j de sucres contenant du fructose, ce qui explique pourquoi le lactose et le galactose en sont exclus.

Pour les enfants, en l’absence de données fiables, une transposition des données relatives aux adultes a été nécessaire pour fixer des seuils spécifiques, en se basant sur les besoins énergétiques moyens de référence par classe d’âge.3

 

 

Le point sur les recommandations à l’échelle française

 

Apports en sucres totaux (ajoutés et naturellement présents)* :
- Pour les adultes, 100g/jour,
- Pour les enfants, 60g/jour pour les 4-7 ans, 75g/j pour les 8-12 ans, 100g/j pour les 13-17 ans.

*hors lactose et galactose

 

 

Pourquoi existe-t-il des recommandations « conditionnelles » ?
L’OMS émet des recommandations dites « conditionnelles » lorsque les données factuelles relatives aux bénéfices et aux risques d’une mise en œuvre ne sont pas absolument certaines.1

Pour les apports en sucres, l’OMS émet ainsi une recommandation conditionnelle de 5% de l’AET, qui vise des bénéfices santé supplémentaires portant sur la carie dentaire, mais basés sur un niveau de preuve moindre - des études de plus faible qualité – que pour la recommandation générale à 10% de l’AET.

 

 

Consommations de sucres : où se situent les Français ?


Les adultes respectent en moyenne les recommandations établies par l’ANSES avec 80% d’entre eux se situant en dessous de la limite journalière fixée pour les sucres totaux (moyenne adulte 75g/jour). Pour les enfants, l’adéquation aux recommandations varie beaucoup en fonction des tranches d’âge. En effet, 75 % des 13-17 ans respectent la recommandation, contre 40 % des 8-12 ans et seulement 25 % des 4-7 ans pour les seuils respectifs recommandés. Cette consommation plus importante que celle des adultes est constatée dans de nombreux pays. Autre constante, une préférence pour le goût sucré majorée chez les enfants qui se traduit par des apports en glucides simples plus élevés. Cette préférence diminue à l’âge adulte. Une hypothèse serait l’acceptation d’aliments au goût sucré, tels que le lait maternel et les fruits, dès le plus jeune âge, ce qui pourrait être une réponse adaptative à des besoins énergétiques plus élevés pendant la croissance.4

Pour les enfants, l’Anses recommande de limiter les boissons sucrées et les biscuits / gâteaux / pâtisseries fréquemment proposés au goûter en faveur de fruits (frais et à coque) et de produits laitiers nature. Elle souligne également l’intérêt des préparations faites « maison » pour prendre conscience des apports en sucres et mieux en contrôler les quantités.3

 

 

A propos de Cultures Sucre

Cultures Sucre est l’association qui regroupe les planteurs de betterave sucrière et les fabricants de sucre français. Dans le cadre de son engagement en faveur d’une consommation raisonnée du sucre, en s’appuyant sur son expertise et sur une veille scientifique internationale, Cultures Sucre apporte aux professionnels de santé une information référencée sur les sucres et leur place dans l’alimentation, ainsi que des outils pratiques pour les aider à accompagner leurs patients sur ces sujets.

 


 

  1. OMS (2015) - Guideline: sugars intake for adults and children.
  2. Actualisation des repères du PNNS : établissement de recommandations d’apport de sucres. Avis de l’Anses - Rapport d’expertise collective.
  3. ANSES (2019) - Avis relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les enfants de 4 à 17 ans.
  4. Ventura A. and Mennella J. (2011). Innate and learned preferences for sweet taste during childhood.

 

 

Comprendre les recommandations :
quelques ressources complémentaires.

Schéma : Glucides & sucres

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Fiche pratique : classification

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Fiches pratiques : infos nutrition

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