Sucres et maladies chroniques

Maladies chroniques et alimentation Déchiffrez le vrai du faux dans l’actualité

1/ SUCRES ET DIABÈTE

« [Le diabète…] un excès de sucre dans le sang », L’Express – juin 2017.

Faux

Le diabète se caractérise bien par une hyperglycémie : une glycémie au-dessus de la normale. Cependant, il ne s’agit pas du taux de sucre (= saccharose, le sucre de betterave ou de canne) dans le sang mais du taux de glucose, comme le rappelle l’ANSES dans son dernier rapport de 2016. Cette formulation laisserait à penser que le sucre serait le seul contributeur à l’hyperglycémie… ou au diabète. Or, si le sucre est bien digéré en glucose + fructose, ce n’est pas le seul glucide à fournir du glucose (et heureusement !). De plus, c’est la surconsommation de calories, sucrées ou non, qui peut favoriser le diabète de type 2 en aboutissant à un surpoids ou à l’obésité.

« L’équation trop de sucre égale diabète n’est pas aussi simple », Dr Jean-Michel Lecerf – octobre 2017.

Vrai

Comme l’explique le Dr Lecerf, médecin nutritionniste, « le diabète de type 2 est favorisé par une prise de poids abdominale, la sédentarité et une alimentation trop calorique et riche en glucides », sans oublier les facteurs génétiques. D’une manière générale, il faut être prudent avant de conclure à une relation de cause à effet entre un nutriment ou aliment et une maladie car l’équation n’est jamais si simple !

« Les glucides dits « simples », également appelés sucres rapides », Madame Figaro – 26 avril 2017.

Faux

Certaines idées reçues ont la vie dure, comme celle qui associe la vitesse d’assimilation des glucides à leur taille : les petits glucides, dits simples, seraient rapidement absorbés, à l’inverse des plus gros (les « complexes »), qui seraient métabolisés plus lentement. C’est faux ! Il est plus pertinent de classer les glucides en fonction de leur effet sur la glycémie (taux de glucose sanguin), évalué par l’Index Glycémique. L’Index Glycémique ne dépend pas seulement du type de glucides ingérés, mais aussi du type d’aliments consommés : la forme physique de l’aliment (liquide ou solide), sa texture (légumes ou fruits en l’état ou en purée, en compote ou en jus), le mode de préparation… C’est plus compliqué mais c’est plus proche de ce qui se passe pendant la digestion.

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2/ SUCRES ET SURPOIDS

« Le sucre favorise la prise de poids. », Atlantico – 20 mars 2017

A nuancer

C’est l’excès de calories, et non le sucre seul, qui peut entrainer une prise de poids, comme le soulignent l’ANSES [1] et l’OMS [2]. Les études d’intervention chez l’adulte, d’une durée supérieure à trois semaines, n’ont pas montré d’effet significatif des apports en sucres sur le poids en l’absence d’excès d’apport énergétique. De plus, on ne dispose pas de données cliniques permettant de conclure à un effet spécifique des sucres sur le gain de poids corporel, par rapport aux autres sources d’énergie (autres glucides ou autres macronutriments).

« Les sucres se transforment en gras », Documentaire de Michelle Hozer, diffusé sur ARTE le 13 octobre 2015 (TO : Sugar Coated), rediffusé le 1er août 2017.

A nuancer

Ce mécanisme, appelé lipogenèse, concerne bien la transformation du glucose ou du fructose en acide gras dans les cellules du foie ou du tissu adipeux. Mais cela n’intervient qu’avec des consommations très élevées de sucres ou de glucides (au-delà de 30% de nos calories pour le fructose par exemple) et reste de faible intensité (quelques grammes de gras synthétisés).


2/ SUCRES ET CANCERS

« Il est très probable, voire sûr, que le cancer est un mode de fermentation du sucre », Docteur Schwartz, Cancérologue, sur Télématin, France 2 - 26 septembre 2017.

A nuancer

Le sucre dont il est question n’est pas le saccharose (le sucre que vous ajoutez dans votre café ou votre yaourt) mais le glucose, issu de la digestion de tous les glucides (saccharose, fructose, lactose, amidon, etc). Ainsi, la fermentation du glucose aurait toujours lieu dans votre organisme quand bien même vous supprimeriez complètement le saccharose de votre alimentation.

Comme le rappelle le Docteur Schwartz, les cellules cancéreuses captent plus de glucose (et non « de sucre ») qu’une cellule normale (10 à 30 fois plus). Mais il ne faut pas confondre cause et conséquence ! Parce qu’elles ont un métabolisme différent, les cellules cancéreuses fermentent le glucose, et en consomment plus que des cellules normales. Mais la consommation de sucre n’est pas, en elle-même, à l’origine du développement d’un cancer.


Extrait du Rapport ANSES 2016
« Actualisation des repères du PNNS : établissement de recommandations d’apports de sucres »1
Conclusion intermédiaire sur les définitions et classifications des glucides

Le GT retient la classification et les définitions suivantes :

Sucres : mono- et diosides et par assimilation les sirops de glucose et/ou de fructose digérés et/ou absorbés et métabolisés.

Amidons et dérivés digestibles de l’amidon : glucides digérés dans l’intestin et majoritairement absorbés sous forme de glucose.

Le GT tient à préciser les points suivants :

L’utilisation du terme « sucres » pour qualifier l’ensemble des glucides est inappropriée et ne doit pas être utilisée, en particulier dans le cadre de la communication nutritionnelle.

L’utilisation du terme « sucre dans le sang » pour qualifier la glycémie est également inappropriée et il ne faut utiliser que l’expression « glucose dans le sang » ou glycémie.

Si le terme « glucides simples » est globalement synonyme de sucres, et peut-être utilisé lorsqu’il s’agit effectivement de sucres, celui de « glucides complexes » prête souvent à confusion et ne doit pas être utilisé.

Enfin, le terme de « sucres simples » est un pléonasme, les sucres étant par définition « simples » (DP 1 & 2). Ce terme ne doit pas non plus être utilisé.

(1)Anses, 2016. Actualisation des repères du PNNS : établissement de recommandations d’apport de sucres
(2) World Health Organization, 2015. WHO Guideline: Sugars Intake for Adults and Children;World Health Organization: Geneva, Switzerland, 2015.