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Diversification alimentaire : des recommandations assez bien suivies sauf pour les œufs et les matières grasses ajoutées

Les recommandations françaises actuelles du PNNS préconisent une introduction des aliments à partir de 6 mois, ou entre 4 et 6 mois pour certains aliments. Elles semblent respectées, hormis pour 2 aliments introduits trop tardivement, après 1 an : les œufs et les matières grasses ajoutées. En outre, certains facteurs socio-économiques favoriseraient une diversification trop précoce.

Boudet-Berquier J. & al. Introduction of complementary foods with respect to French guidelines : description and associated socio-economic factors in a nationwide birth cohorte (Epifane survey)Maternal and Child Nutrition 2016 ; 12p. Doi :10.1111/mcn.12339

 

L’alimentation est essentielle pendant les premières années de vie pour permettre d’assurer une croissance optimale. Après la période où l’alimentation est exclusivement lactée, et parallèlement à la maturation des fonctions digestives, rénales et psychomotrices, la diversification doit être correctement conduite afin d’éviter toute manifestation de type digestif (diarrhée) ou allergique (eczéma) essentiellement. 

Les recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) recommandent une diversification idéalement à partir de 6 mois, et jamais avant 4 mois, après une période d’allaitement exclusif préconisée par l’Organisation Mondiale de la Santé. Certains aliments peuvent être introduits un peu plus tôt entre 4 et 6 mois. La Société Européenne de Gastroentérologie, Hépatologie et Nutrition Pédiatriques recommande une fenêtre idéale de diversification entre 17 et 26 semaines.

EN 2012, l’étude prospective française Epifane, conduite par l’Institut National de Veille Sanitaire, et réalisée auprès de près de 3500 couples mères-enfants, a permis de disposer de données complètes sur l’alimentation des nourrissons pendant leur première année de vie, que ce soit pendant la période d’alimentation lactée exclusive ou à partir de la diversification alimentaire (DA).

Ainsi, les données récoltées auprès des jeunes mères aux 1, 4, 8 et 12 mois de l’enfant, montrent que l’âge médian pour la DA est de 152 jours soit 5 mois révolus. Seulement 13% des nourrissons sont diversifiés avant 4 mois et 67%  le sont avant 6 mois. A l’âge d’1 an, 95% des enfants consomment régulièrement des fruits et légumes, de la viande et du poisson ainsi que des produits céréaliers. L’évolution des probabilités d’introduction de ces aliments au cours de la 1ère année de vie est présentée dans la figure ci-dessous.

Evolution des probabilités d'introduction des aliments pouvant être introduits entre 4 et 6 mois (n= 3 368) :

En revanche, certains aliments sont introduits plus tardivement notamment les œufs et les matières grasses ajoutées consommés par respectivement seulement 23 et 53% des enfants à 1 an, alors que les recommandations officielles conseillent leur introduction à partir de 6 mois, et que les besoins en lipides sont élevés à cette période de la vie.

 

Evolution des probabilités d'introduction des alimentspour lesquels l'introduction est recommandée après 6 mois (n= 3 368) :

Afin d’identifier les facteurs associés aux différentes pratiques de DA, les auteurs de l’article ont mis au point un « score de DA » en fonction de l’adéquation de l’âge d’introduction de chaque type d’aliment avec les recommandations. Les résultats permettent de distinguer 3 groupes de pratiques :

  • 1er tertile : diversification précoce avant 4 mois
  • 2è tertile : DA conforme aux recommandations sauf pour certains aliments introduits tardivement après 1 an
  • 3è tertile : DA conforme aux recommandations


Les facteurs significativement associés au 1er tertile, c.à.d à une diversification trop précoce, sont :

  • La jeunesse des mères (18 à 29 ans)
  • Un niveau d’éducation plus faible
  • L’absence de cours de préparation à l’accouchement et à la naissance
  • Le fait d’être sans emploi avant la grossesse
  • La présence de frères et/ou sœurs plus âgés
  • Une durée d’allaitement inférieure à 4 mois.


Si globalement, les résultats montrent que les mères suivent relativement bien les recommandations en matière de diversification, certains aliments tels que les œufs et les matières grasses ajoutées mériteraient de faire l’objet de messages spécifiques. En outre, les professionnels de santé doivent adapter leurs conseils en fonction de chaque famille et notamment des conditions socio-économiques.
 

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